(courrier du 07/12/2008)
.../...Enfin, « le rappel des titres ». Je crois que je vais en faire une lecture (des extraits) au café de « La Rotonde » (Nantes), où, avec quelques camarades, nous avons nos rendez-vous de « vilains bonshommes » ! En fait, le trait marquant, c'est ce « vous » qui rythme l'ensemble. Il renvoie à la dépersonnalisation, précisément, de l'environnement agressivement médiatique de notre temps, alors que, paradoxalement, le « je » est en permanence convoqué, requis, sommé !
Vous avez touché là quelque chose de certainement essentiel, et en poésie ce n'est pas rien puisque René Char prévenait que « l'actualité était le premier ennemi du poète. »
Alors, ce « vous », c'est le vous individuel, de distance, c'est aussi le vous collectif, et tout ça se croise. Pour autant, on est seul à lire, comme on est seul à écouter la radio, à regarder la télévision, même dans les stades on est seul, même le 21 avril 2002 dans la rue on était seul, très seul, contre la bêtise et l'ignominie mentale dont on n'est guère sorti avec un président qui a donné corps au fantasme permanent de la société française - fondamentalement conservatrice - : l'état de Vichy !
Pour moi, votre livre porte donc la révolte. La révolte contre cette dépersonnalisation, cette fuite intégrale et triste de l'individu. J'aimerais tellement que nombre d'autres l'entendent.
Je vous dis à bientôt,
Très amicalement,
Eric Simon