Alain Helissen : Le rappel des titres (Ed. Les Deux Siciles, 2008) : 80 p. 10 euros. Et autres recueils.
Helissen, on s’en doute, est l’un (parmi « bien d’autres… ») des « Oubliés », des « laissés pour compte », des « Désintégrés » de l’ouvrage évoqué ci-dessus (*). D’abord, comme moi, il adore les calembours, y compris les mauvais, et ne craint pas (malgré les pisse-froid de tous acabits) d’en adorner volontiers ses écrits, quelquefois à jets d’encre continus, voire incontinents : un continent de jeux d’encre ! Comme Verheggen aussi –l’homme qui écrit en « bas-ouallon »–, qui n’apparaît pas non plus dans cette « Histoire » (l’équipée de TXT s’y trouvant réduite à une simple mention à propos du seul Prigent, p.477), et avec qui il a publié naguère une réjouissante ‘metztrapolation littéraire » (Metz in Japan, Voix , 2005 : « Metz vaut bien un pari ! /* Bon sang metz c’est bien sûr ! », etc.) Or, au moins depuis Rimbaud, Corbières, Laforgue et quelques autres (Allais, Apollinaire, Desnos, Queneau, Blavier, Dufrêne…(encore deux « Oubliés »…), les vertus proprement POétiK du K-lembouR– le degré zorro de la poésie littérale– ne sont plus guère à démontrer.
Attention ! Helissen n’est pas Rimbaud. Mais personne n’est Rimbaud. Arthur lui-autre a bien dû jeter l’éponge, un jour, sans crier gare. Mais, je m’égare. C’était à M’égara, faubourg de Carte à je. Où en estois-je ? Ah ! à je, justement. Ah, battre les cartes à je ? battre le rappel des titres de gloire ? Je est des nôtres…mais vous ? il y a 12 ans, AH, impavide chef de file d’une coHorte ou coHue d’impayables poétrous (Les poétrous : Voix, 1999), glissait à petits coups vifs et répétés la lâme de son cutter à lettres entre les babillantes lèvres de la plaie psychosomatique que Rimb, futyant sans trop y croire nos anciens parapets, nous infligea : de lâme pour lâme, à vif (Rhapsodie du Je : Rafael de Surtis, 1998). De Rhap en rapp, d’une lâme un peu plus caressante, mais –vous à moi– ce n’est peut-être qu’un sourire de (dé)connivence plus que de convenance (de déconvenue ?), il récitdive (bouteille ?)Ah, un pas de plus aux (re)bords, diversement fréquentés, du vide…et encore un pas, et encore…et, chaqu’fois : à la ligne !...à la syllabe, à la lettre (hallali ?) (tes ratures ?) : ça fait –de Je à vous– beaucoup de petits vers, de p’tits vertiges, à négocier, de petit’s tiges, à scier : vous est un nôtre ?...Ah, les pronoms personnels, quelle boîte à…de…–Coupez !
Et tout ça, très métatextuel : « Il n’y a pas de fumée sans signes, mais les signes partent en fumée. » La métatextualité ne se refusant pas, à l’occasion (quelquefois même, à neuf !), de belles échappées quasi métaphysiques : « le fleuve n’est pas responsable de tout ce qu’il charrie. » (Bivouacs, Laboratoire de la Voie Lactée, 2005) Il est vrai que ce qu’il charrie varie…
Jean-Pierre BOBILLOT
Action Poétique N°198, décembre 2009.
(*) Histoire de le littérature française du XXième siècle, tome II , Presses universitaires de Rennes, 2008.